Au début, on pense à Max et Jérémie... D'un côté, un couple d'hommes : un jeune tueur, un peu chien fou, sous l'aile protectrice et initiatrice d'un tueur à gages expérimenté. De l'autre, un représentant commercial, solitaire, qui les traque obstinément. Normal : les deux scénarios sont tirés des ouvrages du même auteur de polars, une femme, Teri White. Puis, peu à peu le film s'installe pour ne ressembler à rien d'autre de connu : de soliloque en soliloque, de flash-back en flash-forward, on se perd, on s'amuse, on rit jaune, et on attend la chute finale... Beckett dans l'univers de Jean-Pierre Melville ou de Jacques Becker. Cherchez l'erreur ! Au total, le premier film de Jacques Audiard ? digne fils de son père Michel ? allie des qualités d'écriture avec un indéniable sens de la mise en scène. Mélange de tons, sens de l'incongru, construction savamment élaborée, avec ce film, Jacques Audiard s'impose comme un cinéaste à part entière. Pour incarner le trio infernal, il a fait appel à trois comédiens monstrueux : Jean-Louis Trintignant, terrifiant en vieux tueur à gages misanthrope : Jean Yanne, pathétique en VRP soliloquant sur les routes de France ; Mathieu Kassovitz, prodigieux en épigone du Belmondo juvénile et bondissant des années 60. L'?uvre singulière d'un réalisateur dont le talent s'est depuis affirmé avec Un héros très discret et Sur mes lèvres. Regarde les hommes tomber a obtenu le César de la meilleure première œuvre de fiction 1995. --Sylvain Lefort
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G.C.T.H.V.